16 mars 2022
Dire merci ! – Ce qu’en pense Grand-Papa Pierre.J’observe couramment ce rappel chez les parents lorsque les enfants viennent de recevoir un cadeau, un service ou un bienfait quelconque : « Qu’est-ce qu’on dit ? » Et l’enfant se sentant presque fautif de son oubli, réplique aussitôt : « Merci ! ». Tout le monde est bien d’accord : l’enfant doit apprendre cette règle de politesse élémentaire!
Lorsque j’ai commencé à donner mes premiers cours de Parents-Efficaces, au début des années 1980, cette pratique, même à l’époque, a été questionnée. Dire « Merci ! », ne serait-ce qu’un conditionnement dénué de toute sincérité? On s’est tous posé cette question il y a plus de quarante ans et elle semble encore pertinente. C’est l’une des choses importantes dans ce genre de cours : développer la capacité de se questionner dans la vie de tous les jours, même sur les pratiques les plus courantes et les plus acceptées. Voici donc quelques réflexions sur le sujet.
Reconnaissons que le mot « Merci » exprimé par simple habitude d’une politesse, n’a rien d’appréciatif s’il n’est pas ressenti comme tel. D’autant plus qu’on a renchéri cette politesse par une autre habitude comme ceci: « Merci ! — De rien »! On comprend que, finalement, le bienfait en question n’a été ni apprécié, ni reconnu pour sa véritable valeur… Mais au moins, les règles de politesse ont été respectées.
La politesse a sa place, bien sûr, mais, au-delà des mots, il y a encore plus important : savoir ressentir l’appréciation. On reconnaît qu’un « Merci ! » bien ressenti et spontané a une valeur bien au-delà de la politesse.
Selon mon expérience et mes observations, la capacité à ressentir l’appréciation est fondamentale pour une vie heureuse et prospère. Il y a tellement de choses de la Vie qui méritent d’être appréciées pour alimenter notre joie de vivre. C’est l’appréciation que nous ressentons et que nous exprimons qui consolide nos relations avec l’entourage et qui appelle encore plus de choses à apprécier. Chère lectrice, cher lecteur, je t’invite à prendre conscience de ta propre capacité d’appréciation de tout ce qui contribue au confort de ta vie, les bonnes personnes qui t’entourent, la nourriture saine et abondante de chaque jour, ta maison si bien desservie en eau et en électricité, ta voiture tellement utile et performante, tous ces services offerts par l’épicier, le dentiste, le plombier, le mécanicien pour l’auto, la quincaillerie, les magasins de vêtements, de meubles, d’appareils électroménagers, etc. Ajoutons à cela les beautés et les grandeurs de la Nature.
Les raisons de ressentir l’appréciation sont illimitées, si on ouvre notre conscience.
Mais cette capacité n’est pas innée; elle s’acquiert avec l’expérience de la Vie et l’ouverture de la conscience. Et c’est pourquoi, les enfants, justement, ne sont pas particulièrement appréciatifs, étant donné qu’ils n’ont pas encore saisi, par manque d’expérience et de conscience, la valeur de tout ce que les gens de leur entourage apportent comme bienfaits. Ils prennent tout cela pour acquis.
Parmi les expériences de la Vie qui favorisent l’émergence de cette capacité d’appréciation, il y a, bien entendu, des parents appréciatifs. Pour en revenir à nos cours de Parents-Efficaces, il y a un outil dédié expressément au développement de cette capacité : le Message-je d’appréciation.
Un petit rappel sur ce qu’est un message-je ! Le « je » fait référence à ce que je vois et ce que j’entends, sans jugement, et ce que ça suscite en moi comme sentiment, ainsi que le bienfait que j’en retire. Il y a également les trois autres types de message-je : confrontation, prévention, révélation. Mais nous allons nous concentrer sur celui d’appréciation.
Je t’invite à consulter les ressources de Famille à Cœur pour en connaître davantage sur les message-je qui, en fait, font partie des outils fondamentaux pour une vie familiale harmonieuse.
Mais concentrons-nous sur celui qui nous concerne : le message-je d’appréciation, conçu pour informer tous ceux qui m’entourent en quoi j’apprécie leurs actions lorsque celles-ci m’apportent un certain bienfait tel que : s’acquitter de certaines tâches, être autonome dans ses activités, être calme dans des situations qui l’exigent, etc. Je te laisse le soin de dresser la liste des comportements particulièrement appréciés de ton enfant. L’exercice n’est pas banal considérant que ce sont surtout les comportements problématiques qui attirent toute notre attention et qu’il n’en reste pas beaucoup pour les comportements qui nous aident ou qui nous font plaisir. Il s’agit alors de souligner ces comportements positifs à la manière du message-je : « Quand j’arrive dans ta chambre et que je vois qu’elle est bien rangée, ça me fait plaisir car je peux y circuler librement et ça me rassure car les jouets ont moins de risque de s’abimer. » Sache que ce genre d’appréciation incite à garder la chambre en ordre bien plus que bien des remontrances sur le désordre. Ou encore : « Quand je vois les progrès que tu fais dans ton bulletin, ça m’encourage de voir ta motivation et ta réussite scolaire. »
Petite mise en garde : le faux message-je, comme suit : « Tu es un bon garçon de faire ainsi ton ménage ». En fait, ce n’est plus de l’appréciation mais un jugement. Or les enfants, comme tout être humain, préfèrent se sentir appréciés pour ce qu’ils ont accomplis plutôt que d’être jugés, puisque tout jugement est subjectif et non basé sur du concret.
Ajoutons à cela un autre outil fondamental pour l’harmonie familiale qui permettra d’accroître la capacité d’appréciation de toute la famille: l’exemple rayonnant, c’est-à-dire l’exemple qui inspire la joie. Les parents sont les mieux placés pour cela. Ils peuvent s’apprécier entre eux, toujours sous forme de message-je, pour avoir préparé le souper, ou fait les commissions, etc. Ou encore apprécier un voisin qui les a aidés. Ou encore parler d’une belle conversation avec des amis. Bref que l’appréciation fasse partie intégrante de la culture familiale. Et que le mot « Merci » devienne associé à un réel sentiment d’appréciation.
Et si votre enfant, après avoir reçu un cadeau « oublie » de dire merci, trop occupé qu’il est à contempler ce nouveau cadeau, il n’y a pas de problème à lui rappeler le petit mot de politesse. Mais si vous pouvez lui faire dire aussi en quoi il est content, nous avons, en prime, la prise de conscience et l’expression de son appréciation qui donne tout son sens au « Merci »!
Si quelqu’un vous dit « Merci », que votre réplique soit plutôt « Ça m’a fait plaisir » (plutôt que « De rien »), pour préserver ainsi la valeur de ce qui vous a valu le « Merci ».
En terminant, sachez que le présent texte est en appui à mon appréciation de l’existence de Famille à Cœur pour les bienfaits qu’elle apporte aux familles, ainsi que pour l’opportunité que j’ai d’y contribuer.
Merci.
Grand-Papa Pierre.