15 novembre 2021
Les défis de la famille, selon Grand-Papa Pierre« Fonder une famille ». On n’entend plus beaucoup cette expression de nos jours. Il n’y a pas si longtemps, l’époque des familles d’antan, c’était le projet d’une vie : on se trouve un emploi, on trouve un(e) partenaire, on se fréquente, on se marie, la femme reste à la maison et s’occupe des tâches ménagères, l’homme est le pourvoyeur, on fait des enfants et voilà ! La famille est fondée, bien définie, immuable et reconnue comme telle. Ensuite, comme tout projet, il fallait la « mener à bon port », ce qui supposait souvent aider les enfants de cette famille, à fonder, à leur tour, leur propre famille. On peut croire qu’à l’époque, c’était plus simple qu’aujourd’hui car les rôles étaient mieux définis et les valeurs religieuses permettaient de bien encadrer les comportements de tous et chacun.
Aujourd’hui, c’est un peu différent. C’est comme si la famille arrivait comme ça, naturellement : un couple se forme, souvent après plusieurs essais. Parfois même, l’un des deux a déjà un ou deux enfants d’une relation précédente; l’homme et la femme travaillent tous les deux; les tâches de la maison sont partagées tant bien que mal, le mariage est une option, et l’éventualité d’un divorce ou d’une séparation demeure plausible. Et, soudain, un enfant, plus ou moins attendu, arrive : et c’est ainsi qu’une nouvelle famille est fondée et peut-être même simplement recomposée à partir de familles précédemment séparées.
Une famille, que ce soit une famille d’antan ou moderne, demeure un lieu où se présentent de nombreux défis. Explorons plus particulièrement les défis de nos familles modernes, sans oublier que nos familles d’antan avaient elles aussi les défis de leur époque.
D’abord, précisons ce qu’est une famille au sens large du terme, considérant que les familles d’aujourd’hui ne sont pas coulées dans un moule prédéfini et peuvent prendre toutes sortes de formes. Selon moi, c’est une unité sociale, vivant sous un même toit et regroupant des adultes responsables de subvenir à leurs propres besoins et de subvenir à des besoins d’autres personnes telles que des personnes âgées, ou handicapées ou des adolescents ou des jeunes enfants qui ne pourraient y subvenir par eux-mêmes.
Si on garde cette définition « élargie » en tête, c’est le terme « besoins » de ceux qui composent cette famille qui prend toute son importance. On le sait : la famille demeure le lieu privilégié pour répondre à l’ensemble des besoins non seulement matériels mais psychologiques et spirituels. Elle mérite donc qu’on lui accorde toute son importance, d’autant plus qu’elle est propice à éveiller les plus belles qualités de la nature humaine : amour, générosité, bienveillance, dépassement de soi, patience, leadership, persévérance, et je vous laisse en nommer d’autres…
Trop souvent, la famille est abordée à partir de ses problèmes, ce qui amène nécessairement une recherche de solutions… qui sont attendues de l’extérieur à la famille. Selon moi, l’aborder d’une perspective de défis adressés aux membres de la famille constitue la meilleure façon de lui redonner sa souveraineté. Cela étant précisé, identifions donc une dizaine des défis, les plus courants dans nos familles modernes.
1er Défi : s’assurer que notre famille est convenablement logée et que chaque membre y est confortable, y a son espace privé et peut y tenir des activités scolaires, créatives, ludiques, professionnelles qui le concernent.
2e Défi : s’assurer que tous les membres sont convenablement nourris. Sur la base de connaissances de base en nutrition, des repas sains sont préparés et présentés comme une expérience dégustée ensemble. Il s’agit d’inculquer une relation harmonieuse avec la nourriture, sans addiction, ni culpabilité.
3e Défi : s’assurer qu’il y a une disponibilité d’écoute pour quiconque manifeste le besoin d’être écouté en raison d’une difficulté qu’il vit, et ce, sans jugement ni reproche, même au risque de mettre au jour des sentiments inconfortables tels que la colère, la rancune, la culpabilité, la peur, le manque de motivation, la timidité, la frustration.
4e Défi : comme on vit à une époque où les valeurs sont éclatées et diverses, favorisant même une certaine évolution de la pensée, veiller à ce que les valeurs, les opinions et les réflexions soient exprimées librement avec respect les uns des autres afin d’en arriver à une harmonie de communication entre les membres. Ce qui inclut : inculquer les pratiques et les bonnes habitudes d’hygiène pour une vie saine et en harmonie avec l’entourage. Également : résister aux pressions de notre société de consommation qui présente une importance exagérée des biens matériels. Sans oublier: concilier le travail et la famille.
5e Défi : créer ce sentiment de fierté de faire partie d’une famille où il fait bon vivre, où chacun a sa place et peut contribuer au mieux-être de l’ensemble.
6e Défi : savoir déboulonner les tabous les plus courants, sur la base d’informations objectives, concernant : la sexualité, la pornographie, les personnes LGBTQ+, les drogues, les tyrans à l’école et au travail, les réseaux sociaux, les performances scolaires, etc.
7e Défi : savoir aborder l’aspect délicat de la « sexualité en action » : les relations amoureuses, les menstruations, la masturbation, la contraception, les abus et la domination sexuelle, etc.
8e Défi : s’ouvrir à des connaissances et des compétences de bonnes relations et de communications (telles que le message-je – parler au « je » plutôt qu’au « tu » – l’écoute active, les résolutions de conflits de besoins et de valeurs) pour mieux comprendre les dynamiques relationnelles et les rôles qui peuvent s’installer dans la famille.
9e Défi : assumer le leadership nécessaire afin d’établir les règles familiales qui vont permettre l’harmonie entre tous les membres, ce qui comprend : développer notre patience et notre juste fermeté à l’égard du jeune âge des enfants dont les capacités sont encore en développement alors qu’ils ont besoin qu’on respecte leur rythme d’apprentissage, notamment pour ce qui est de l’ordre et de la collaboration.
10e Défi : passer au travers de cette période particulièrement exigeante des jeunes enfants qui ne dorment pas leurs nuits, qui sont aux couches, qui demandent notre surveillance constante, qui sont trop souvent malades, qu’il faut reconduire et aller chercher à la garderie.
Bien sûr, je ne pourrais pas énumérer tous les défis des familles puisque chacune est unique avec ses particularités et les personnalités de chacun de ses membres.
Au lecteur : quels sont les défis que vous avez identifiés dans votre famille et qui vous incombent de façon particulière; comment parvenez-vous à les relever?
Voilà donc quelques défis qui me sont venus à l’esprit en me rappelant ma vie de parents. Avec humilité, j’ai compris qu’il ne s’agit pas de perfection ou de performance mais simplement de faire son possible. Des millions de parents s’y investissent par amour pour eux-mêmes et pour leurs enfants. Ce sont des défis extraordinaires à relever pour aider l’humanité à évoluer mais aussi pour favoriser le bonheur et l’évolution de tous les membres de cette famille. Reconnaissons que la famille, qu’elle soit d’antan ou moderne, c’est un projet complexe qui nous marquera pour la vie.
Grand-Papa Pierre.