12 janvier 2017
C’est quoi une familleChers lecteurs et lectrices,
Au lendemain des Fêtes, on reconnaîtra sûrement que la réalité « famille » fait partie de la vie de la plupart d’entre nous, considérant toutes les réunions familiales qui ont meublé cette période. Et ce n’est pas d’hier que la famille existe mais depuis les débuts de l’humanité. C’est qu’elle a sa raison d’être dans les besoins les plus fondamentaux, individuellement et collectivement: liens de solidarité et de confiance, apprentissage de la collaboration et du sens des responsabilités, complémentarité dans les tâches quotidiennes, restauration, contribution à la communauté, procréation, soin des enfants ainsi que leur intégration dans la communauté, etc. Autrement dit, elle est incontournable et indispensable car, si nous sommes encore vivants aujourd’hui, c’est qu’une famille a su prendre soin de nous.
Je crois qu’on peut considérer l’humanité comme un organisme vivant. Dans cette perspective, chaque famille constitue une cellule de cet organisme. La santé de l’organisme est à la mesure de la santé de chaque cellule. Et dans tout être vivant, il y a cet échange entre la cellule et l’organisme garantissant ainsi la survie et la croissance de l’un et l’autre.
On comprend donc que la famille et la société environnante sont interdépendantes dans leur fonctionnement, dans leurs besoins et dans leurs droits. D’une façon ou d’une autre, elles s’influencent mutuellement.
Les traditions, les religions, les choix sociaux, les régimes politiques, ainsi que les conditions environnementales et économiques, voilà autant de facteurs qui viennent façonner la famille. En contre partie, les familles peuvent influencer la société, que ce soit par des revendications (éducation, travail, etc.), des implications communautaires, des façons de consommer, etc.
Dans ce tandem famille-société, les familles prennent toutes sortes de formes selon les cultures, les nationalités et les endroits sur la Terre. En occident nous connaissons bien la famille dite nucléaire : le noyau parental formé de papa et maman élevant les enfants, tous sous un même toit. Bien sûr, on peut garder une nostalgie de ce beau modèle familial à la « Papa a raison » pour les plus vieux qui ont suivi cette série télévisée des années 50. C’était « dans mon temps », où les valeurs étaient plus strictes et la famille nucléaire demeurait la norme. Certaines cultures traditionnelles, encore aujourd’hui, imposent leurs structures familiales.
Des sociétés comme la nôtre, de par leurs valeurs, sont devenues de plus en plus complexes, ce qui a amené des structures familiales très diversifiées. Considérons, notamment, les garderies, les écoles et le marché du travail, ainsi que toute la législation visant à accommoder les choix de chacun à l’égard de leur vie de couple (hétérosexualité, homosexualité). Tout ça a transformé en profondeur les dynamiques et les structures familiales. La famille s’est adaptée en une multitude de variantes, de la famille mono parentale avec enfant unique à la famille élargie de plusieurs pères et mères, frères et sœurs, enfants adoptés, demi-frères, demi-sœurs, oncles et tantes, grands-parents, etc.
Mais l’important c’est que l’on puisse encore parler d’une famille, sans l’associer à une structure familiale « normale ou anormale». On peut dire qu’une famille se définit par ceux qui la constituent, au-delà des liens de sang, parce qu’ils ont compris les avantages d’en faire partie.
Je vous invite donc à prendre conscience de cette famille qui est la vôtre. Elle est unique, évolutive, importante et a besoin que tous ses membres y reconnaissent la valeur d’en faire partie, pour le mieux-être de chacun. Pour avoir été enfant dans une famille, parent dans une autre et grand-père témoin de tout ce beau monde d’enfants et de petits-enfants, mon message est le suivant : la famille dont vous faite partie existe par votre volonté; vous la nourrissez, vous en prenez soin parce que vous reconnaissez et appréciez tout ce qu’elle vous apporte.
Par contre, selon mon expérience et mes observations, la vie familiale comporte parfois des distorsions qui ne sont, en fait, que le reflet des distorsions de ses membres et non pas de la famille elle-même. On peut y retrouver des tensions, des malaises, des reproches, des rancoeurs, des exigences de performances, des culpabilités, des peurs, tout ça en vase clos et exacerbé par le fait de se sentir captif d’un milieu devenu toxique. Comme un incubateur à problèmes, à ressentiments. Difficile d’aimer être en famille dans ces cas là. Quel dommage que d’utiliser le contexte familial pour se faire autant de misère…
Afin de promouvoir la véritable fonction du milieu familial, j’invite le lecteur à se poser quelques questions sur la famille dont il fait partie.
Quel est votre sentiment de bien-être dans votre famille? On suggère d’y associer un chiffre de 1 (très mal à l’aise) à 10 (très heureux). Que devriez-vous faire pour améliorer votre sentiment de bien-être?
Quelle est, pour vous, la principale raison d’être de votre famille? Est-ce basé sur la morale ou basé sur vos propres besoins ou valeurs?
Quels sont les membres immédiats de cette famille (surtout parents et enfants)? Quelle est l’attention accordée à chacun de ses membres, entre 1 (très peu d’attention) et 10 (le maximum d’attention)? Y a-t-il quelqu’un qui semble «tirer» un peu trop d’énergie de l’ensemble? Y a-t-il quelqu’un qui semble négligé?
Quel est le problème qui, s’il était réglé, améliorerait substantiellement l’ambiance familiale? Qui est en cause? Comment composer avec cette situation?
Comment s’est formée votre famille? Comment s’est-elle transformée au fil des ans? Quelles furent les principales difficultés traversées. Quelles forces se sont ainsi révélées?
Quels sont les liens avec la communauté? Quelles sont les principales influences qu’elle subit (publicité, télévision, famille élargie, amis, école, travail, voisins)? Quelles sont les principales contributions? Quelles sont ses principales revendications?
Je laisse le soin au lecteur de mijoter ces questions, sans jugement, en guise de pistes pour redynamiser un tant soit peu cette cellule qu’est la famille dont il fait partie. Car, il ne m’appartient pas de m’ingérer dans votre dynamique familiale ; elle est unique et elle a la force et le bienfait résultant de la complicité et de la fierté de tous ses membres. Je me souviens du temps de mes enfants à la maison qui m’ont dit à quelques reprises qu’ils étaient fiers d’appartenir à cette famille qui était la leur, même dans une maison somme toute très modeste. La fierté est sans doute un très bon sentiment qu’une famille peut susciter.
Bonne et Heureuse année à vous et à votre famille!
Grand-Papa Pierre.
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- L’influence de la société, de Grand-papa Pierre