Il faut aussi le dire… Un rappel de Grand-Papa Pierre.

31 mars 2025

Comme on l’a déjà vu dans une chronique précédente, la vie trépidante de nos familles pose effectivement plusieurs défis, notamment dans nos communications. Mais lorsqu’on manifeste de la bonté et de la bonne foi dans nos relations, on s’ouvre à mieux comprendre ce que l’autre vit plutôt que de le juger. C’est la base du savoir communiquer.

Par ailleurs, selon mon expérience et mes observations, le savoir communiquer a besoin de certains “suppléments vitaminiques“ pour rendre nos communications plus significatives, joyeuses et réconfortantes. Pour illustrer cet aspect vitaminique, considérons les exemples des évènements suivants.

Lors de l’anniversaire de naissance d’une personne qu’on aime, il ne suffit pas de rassembler tous les gens en lien avec la personne concernée; il faut aussi des décorations, un beau gâteau sur lequel c’est écrit “Bonne fête Manon ou Robert, bref, le nom de la personne fêtée; et chacun y va de son ¨Bonne fête!“ haut et fort. C’est l’expression de la joie que nous inspire clairement l’amour qu’on a pour cette personne. Voilà donc un savoir communiquer enrichi d’amour pour tous ceux et celles qui y participent.

À Noël et au Jour de l’An, il ne suffit pas de se rassembler; il faut aussi des décorations, des cadeaux à chacun; le tout bonifié de “Joyeux Noël! Et Bonne Année!“ hauts et forts. C’est le supplément qui allume la joie du temps des Fêtes inspirée de cet amour rassembleur.

Dans la vie, il y a plein d’autres évènements tels que graduations, mariages, baptêmes, naissances. Même les funérailles, à leur façon, appellent à la sollicitude pour supporter les gens dans le deuil de la personne disparue, exprimant toujours l’amour entre les gens concernés.

Tous ces évènements qui jalonnent nos vies à chaque année, font état d’une réalité évidente : il y a de l’amour dans l’air, au-delà des épreuves et des tiraillements qui font partie de notre quotidien! C’est comme un liant qui se veut discret mais capable de maintenir les familles ensemble, et aussi de créer des groupes d’amis et des réseaux.

Quelle belle prise de conscience que de m’arrêter pour un moment et de penser à chacune de ces personnes qui m’est proche, suffisamment proche pour qu’elle fasse partie du giron de ma vie : mon conjoint ou conjointe, chacun de mes enfants, chacun des membres de ma parenté, de mes amis, de mes voisins, de quelques-uns de mes collègues de travail, etc. Bien sûr, ce sentiment varie d’une personne à l’autre mais est suffisamment présent pour meubler adéquatement mon entourage.

Et il y a cette autre réalité de tous et chacun dans la vie de tous les jours. Tant de choses à faire, toutes ces préoccupations et tous ces divertissements. Ajoutons à cela les attentes et les jugements envers les personnes avec lesquelles je suis impliqué de près ou de loin. On comprend que ce liant d’amour demeure discret dans tout ce capharnaüm.

C’est pour cela qu’il y a des évènements, avec décorum et tout le tralala, pour nous donner l’occasion d’exprimer, dans un contexte bien conventionnel, un sentiment qui paraîtrait peut-être déplacé dans la mouvance du quotidien. Mais ce sentiment d’amour qui nous habite et qui n’ose pas s’exprimer dans le quotidien est bien réel : faire mon possible pour rendre service, pour être agréable et, plus particulièrement, pour que les membres de ma famille soient nourris, confortables, éduqués, bien reconnus lors des anniversaires ou pour souligner des accomplissements! Oui! Je veux le bien de ceux que j’aime… Et j’y travaille! Mes initiatives et mes efforts à cet effet sont bien la preuve que je les aime. Je n’ai donc pas besoin de le dire…

Le problème avec les preuves, c’est qu’elles peuvent être confondues avec des obligations, des habitudes, des traits de caractère, des engagements, etc. Autrement dit, ces fameuses preuves ne sont peut-être pas suffisamment explicites concernant un sentiment qui se veut plutôt discret. D’où le rappel du présent texte : il faut aussi le dire…C’est la vitamine du savoir communiquer si on veut que ce savoir communiquer prenne tout son sens avec les personnes que j’aime.

Par contre, reconnaissons que notre culture comporte une certaine pudeur à l’égard de l’amour, ce sentiment plus ou moins mystérieux qui déstabilise l’égo et évoque parfois vulnérabilité, dépendance, exigences, créativité, engagement, et même certaines préoccupations morales.

Pas facile de dire comme ça: ‘’Je t’aime’’. C’est un énoncé sérieux : pour qu’il exprime toute sa valeur et son authenticité, il doit être vrai, bien ressenti et exprimé dans un moment propice. Cela me rappelle, lors de mes premières amours : dire à une nouvelle conquête le fameux ‘’Je t’aime’’, était lourd de conséquence : il exprimait l’engagement d’une relation officielle et exclusive. Notre culture en a peut-être fait un énoncé presque déplacé et un peu trop gênant. Bien sûr, avec nos proches, du moins pour ceux qui le sont suffisamment, le ‘’Je t’aime’’ peut devenir naturel et même presqu’une habitude; cependant, le servir à tout moment risque de lui faire perdre son sens véritable. Voici donc quelques suggestions de le dire au quotidien comme un supplément vitaminique du savoir communiquer. Nous reconnaissons, en fait, l’allure du bon vieux message-je de révélation/appréciation.

À mon conjoint ou ma conjointe : ‘’Je trouve que notre routine quotidienne est tellement plus agréable quand je la fais avec toi’’. ‘’Quand nous allons chez des amis, je suis toujours content que tu m’accompagnes’’. ‘’Des vacances avec toi, c’est tellement plus agréable car on peut en partager l’expérience’’. ‘’J’aime notre complicité dans l’éducations des enfants’’. ‘’Je trouve que notre intimité est tellement réconfortante’’.

À mes enfants : ‘’C’est important pour moi que tu réussisses tes classes, car je crois que ça augmente tes chances d’être heureux’’. ‘’À voir comment tu es en bonne condition physique, ça me rend fier de toi’’.

Je laisse à ta créativité le soin de vraiment et simplement communiquer ce que tu aimes chez ceux que tu aimes, pour ce qu’ils sont et dans ce qu’ils font. C’est au moins cela qu’il faut dire…

C’est une pratique contagieuse. Et le savoir communiquer, en plus de communiquer des informations, il communique la joie de l’amour au quotidien.

Grand-Papa Pierre, avec amour.