11 décembre 2017
L’attention bienveillanteChers lecteurs et lectrices,
« Attention bienveillante » : selon mon expérience, voilà deux mots généralement associés aux familles où règne l’harmonie. Considérant l’importance de cette qualité dans nos familles, je crois pertinent d’y accorder une certaine attention en vous faisant part de quelques-unes de mes observations et réflexions sur le sujet. Parlons d’abord de l’attention…
Selon Larousse : «Action de se concentrer sur, de s’appliquer à; vigilance». C’est une capacité que même plusieurs espèces d’animaux possèdent instinctivement pour attraper leur proie ou éviter d’être une proie. Quant à l’être humain, c’est grâce à cette capacité de se concentrer, de s’appliquer et d’être vigilant qu’il a, non seulement assuré sa survie, mais également créé des communautés, élaboré une foules de découvertes sociales et technologiques à la base du progrès dont nous bénéficions tous aujourd’hui. Bref, l’action d’attention se doit d’être fondamentalement associée à la vie humaine si on évoque le sens de responsabilité, de l’apprentissage et même du bonheur. D’ailleurs, certaines de nos actions quotidiennes demandent toute notre attention, que ce soit pour conduire une automobile, pour traverser la rue, pour préparer un repas, pour étudier, pour accomplir notre travail, pour écouter (vraiment) mon conjoint ou mon enfant, pour écrire un texte pour Famille à Cœur, etc. C’est une capacité à préserver et même à développer.
Paradoxalement, notre monde moderne rend l’attention difficile, considérant le rythme effréné qu’il nous impose tout en nous exposant à une foule de distractions des plus divertissantes et parfois même troublantes. L’attention devient un véritable défi dans tout ce capharnaüm. Pour compenser, nous avons créé des habitudes et des routines qui nous permettent d’agir sans réfléchir. Quoiqu’il en soit, tous ces comportements plus ou moins automatiques ne pourront jamais remplacer cette attitude qui doit faire partie de notre vie : avoir de l’attention, porter attention, faire attention; bref, agir de façon réfléchie, responsable…et au mieux, bienveillante.
On remarquera cette attention que l’on accorde à des écrans : téléphones cellulaires, tablettes, téléviseurs, cinéma. Parfois, j’ai l’occasion d’observer autour de moi des gens de tous âges, sur les trottoirs, dans les restaurants, dans les salles d’attente, dans les parcs, dans l’autobus; plusieurs d’entre eux sont captifs d’une « petite surface » d’à peine 10 pouces carrés, alors que le monde qui nous entoure est d’un volume incommensurable où évoluent une pluralité de gens, des arbres, des fleurs, des nuages, des couleurs, des bruits; où se dressent de magnifiques bâtiments, où circulent des véhicules de toutes sortes; bref, une infinité de choses dont notre attention aurait avantage à se nourrir…
J’ai vu souvent des parents pris par ce qui se passe sur leur « petite surface » plutôt que d’être présents à leurs enfants juste à côté. J’ai vu également des personnes en couple assises une en face de l’autre, dévouant toute leur attention à leur « petite surface » respective. Même sur la route : la vitesse, le danger et la signalisation routière réussissent à peine à nous rappeler que conduire demande toute notre attention, en compétition avec la « petite surface » texto.
Comment expliquer cet attrait irrésistible pour cette « petite surface » qui réussit à supplanter tout le merveilleux monde qui nous entoure? Certaines instances évoquent même une problématique d’addiction. Je ne suis pas là pour juger mais je me questionne tout de même : est-ce qu’une réalité d’aujourd’hui échappe à ma capacité d’attention?
Poursuivons la réflexion du mot « attention » caché dans un acronyme très populaire ces temps-ci: TDA. Il porte en lui cette reconnaissance d’un Trouble lorsqu’il y a Déficit de cette précieuse Attention. Loin de moi l’idée de faire le procès de tous les efforts déployés pour rétablir cette capacité à l’école ou au travail. Je préfère laisser cela aux experts avec leurs solutions plus ou moins médicamenteuses. Cependant, considérant que cette problématique est, de nos jours, très répandue et ne manque pas de susciter certains questionnements sociaux, elle s’ajoute à mes réflexions sur le sujet : encore ici, le monde réel ne semble pas suffisamment intéressant pour capter l’attention, comme si l’acte d’attention ne peut plus trouver sa motivation à l’intérieur même de la personne. Inquiétant de réaliser que ce n’est plus la personne qui décide à quoi elle va porter son attention mais ce que d’autres vont lui présenter. On comprend pourquoi la publicité et les fabricants d’écrans déploient autant d’efforts pour mobiliser notre attention…et, bien entendu, nous maintenir dans leurs influences.
Ceci étant dit sur l’attention, j’ajouterai ce principe de réciprocité maintes fois vérifié par plusieurs, incluant moi-même: par mon attention, je valorise, j’active ce à quoi je porte attention. Voyez par vous-même : que ressentez-vous lorsqu’on vous porte attention. Maintenant? Quand vous étiez enfant? Sur la base de ce principe, si je ne porte pas attention à quelqu’un ou à quelque chose qui me concerne, je m’expose à des conséquences néfastes étant donné que je manque ainsi à mes responsabilités. Par exemple, les enfants qui manquent d’attention trouvent le moyen d’aller en chercher…en devenant des problèmes.
Pour que le principe de réciprocité fonctionne positivement, il faut alors considérer les qualités de cette attention. Aux fins du présent texte, je m’en tiendrai à l’attention accordée aux personnes, laquelle est généralement conditionnée par des valeurs, des sentiments, des croyances, des peurs, des jugements, des souvenirs, des intentions. Sans vouloir aller dans les détails psychologiques qui seraient en dehors de mes compétences, j’ose dire qu’il y a deux grandes catégories d’attentions : celles qui dégradent, notamment : critiques, contrôles, préjugés, incompréhension. Et celles qui enrichissent, notamment : présence, ouverture, encouragement, appréciation. Je résume la catégorie d’attentions qui enrichissent par le qualificatif de « bienveillance » et je fais confiance au lecteur pour déterminer lui-même le genre d’attention qu’il pourrait définir comme bienveillante. Dans le fond, on sait le genre d’attention qui valorise, qui réconforte et qui nourrit l’estime de soi. En commençant par s’accorder cette attention à soi-même…
Selon mon expérience et mes observations sur la base de ce principe de réciprocité, l’harmonie de nos relations est directement reliée d’abord, à notre capacité d’attention au monde réel, là où se trouvent les vraies personnes. Ensuite, on s’assure que cette attention a la qualité d’être bienveillante. Notre couple et notre famille sont encore le meilleur point de départ. À considérer pour les Fêtes et la Nouvelle Année?
Grand-Papa Pierre.