1 novembre 2022
Nourrir sa famille. Ce qu’en pense Grand-Papa Pierre.Qu’est-ce que Grand-Papa Pierre aurait à dire sur la nourriture de nos familles alors que notre société offre autant d’abondance et de diversité dans ce domaine? Et ce ne sont pas les informations qui manquent. Quand on parle de bonne alimentation, il y a le fameux Guide alimentaire canadien ou encore les étiquettes des emballages des produits que nous achetons indiquant en détails les valeurs nutritives de l’aliment en question; ajoutons à cela les diététiciens disposés à offrir leurs nombreux conseils dans ce domaine.
En fait, mon propos ne concerne pas tant la nourriture elle-même que la relation que nous avons développé avec cette ressource particulièrement abondante et diverse dans notre société. J’ai observé que, dans nos familles, cette relation est parfois trouble, source d’inquiétudes et même de tensions.
Un sujet qui, selon moi, mérite qu’on y réfléchisse.
D’abord, il y a certaines craintes et préoccupations chez les parents : « Est-ce que mon enfant mange suffisamment et suffisamment de bons aliments? Ou encore : « Comment se fait-il qu’il soit si capricieux; il n’aime pas ce que je lui sers, moi qui m’efforce de cuisiner des plats sains et délicieux ». Ou encore : « Il ne pense qu’à manger de la « malbouffe », du « fast food » du dessert et des sucreries. » Ou encore : « Aux repas, il n’a jamais faim, mais voilà qu’il a faim en d’autres temps ou quand vient le temps du coucher. » Etc. Je te laisse le soin de prendre conscience des préoccupations qui t’habitent à l’égard de ton enfant et de la nourriture.
Il se peut que ces préoccupations, en tant que parent, soient à l’image de ta propre relation à l’égard de la nourriture. Est-ce que pour toi la nourriture est à la base d’un combat empreint de culpabilité entre les « bons aliments » et les « moins bons aliments »; en quoi certaines émotions peuvent créer un appétit addictif à l’égard de la nourriture ?
Reconnaissons que, dans notre société de consommation, tout est organisé pour nous faire consommer bien au-delà de nos besoins réels, et la nourriture n’y échappe pas! On se retrouve donc avec une abondance et une diversité de nourriture incommensurables qui mettent à l’épreuve notre capacité d’un discernement éclairé à l’égard de tout ce qui nous est offert. Il s’agit d’enrichir cette capacité de discernement par des connaissances, bien entendu, sur soi-même, mais aussi sur la valeur nutritionnelle de l’ensemble des aliments que nous nous procurons. Quand on sait que nos enfants y sont également exposés alors qu’ils n’ont ni les connaissances ni l’expérience, demeurons vigilants et donnons-leur le maximum d’informations objectives sans oublier d’écouter leurs propres réflexions sur le sujet.
Voici quelques suggestions/réflexions pour une perspective plus harmonieuse avec la nature réelle de la nourriture.
D’abord, une ambiance familiale agréable et bienveillante est généralement garante de repas plus agréables. Ainsi, que le repas ne devienne pas un lieu de « règlement de compte » de la part de l’enfant qui refuse de manger ou qui critique le repas. Au moment des repas, reconnaître que manger est un privilège et non une obligation. Privilégier une ambiance de bienveillance : présence et conversation agréable, plutôt qu’une ambiance de critique envers l’enfant qui ne finit pas son assiette ou qui ne mange pas les « bons » aliments qu’on lui a servi. Il est préférable de mettre de petites quantités et d’en rajouter sur demande plutôt que d’insister à tout manger ou encore de jeter ce qui ne l’a pas été. Le stress de cette insistance ou le gaspillage de ce qui n’a pas été mangé diminue substantiellement la valeur du repas.
Par ailleurs, si toi-même tu agis comme exemple rayonnant en mangeant ce que tu considères être de bonnes choses, c’est le meilleur moyen d’influencer ton enfant à cet effet. On se rappelle que l’exemple rayonnant se définit comme l’expression sincère de la joie et de la conviction de tes actions.
Si de « mauvais aliments » tels que biscuits, friandises, croustilles, etc. sont sources de conflits avec les repas, rien de plus simple : on s’assure qu’il n’y en a pas dans la maison.
Lorsqu’il y a dessert, il doit être d’une quantité limitée; par exemple : un ou deux biscuits seulement ou un seul morceau de gâteau.
Quand l’enfant arrive de l’école, au lieu de lui présenter biscuits et friandises comme réconfort pour sa journée, un plat de fruits et crudités de légumes coupés en morceau fera l’affaire (peut-être même présentés comme étant les bonbons ou friandises de la Nature); il appréciera la délicatesse de la préparation et cela préservera son appétit pour le souper. Fruits et crudités de légumes peuvent également être présentés si l’enfant manifeste une faim au moment du coucher. Voilà des occasions de le garder en contact avec de la « vraie » nourriture.
La nourriture ne doit jamais être utilisée comme récompense, distraction ou agrément à une activité; selon moi, cela fausse la valeur réelle de ce que doit être la nourriture. Notre société de consommation nous a convaincus qu’un visionnement de film doit être accompagné d’un gros sac de pop-corn. Est-ce que le cerveau peut vraiment apprécier à la fois un bon film et un bon pop-corn ? Qu’en pensez-vous?
Il y a des temps (repas et collations) et des lieux (à la table) pour manger; on ne se promène pas avec de la nourriture n’importe quand et n’importe où. Savoir préserver le sens « sacré » de la nourriture. Un bon moyen également de réduire le risque de trouver des débris de nourriture sur le plancher, sur des meubles ou sur des jouets.
Que les aliments « spéciaux » (biscuits, friandises, gâteaux, croustilles, repas « fast food », etc.) soient réservés à des évènements spéciaux : fêtes, halloween, Noël, peut-être même un bon film, etc.
En conclusion, selon moi, il est crucial de rétablir la vraie nature « sacrée » de cette nourriture qui nous maintient en vie de jour en jour, telle que préparée et rendue accessible par de nombreuses personnes. Elle mérite toute notre appréciation et on doit s’assurer qu’elle répond harmonieusement aux besoins réels de notre corps.
Bon appétit!
Grand-Papa Pierre.