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5 août 2024

La gestion du temps, version famille, en trois temps. Inspiré de Grand-Papa Pierre

Dans le monde du travail, la gestion du temps est primordiale : elle détermine les salaires, la productivité, la compétitivité, les échéanciers, les prêts bancaires, etc. Dans un monde où l’on fonctionne sur la croyance que « Le temps c’est de l’argent », on comprend que notre vision du temps encadre nos activités d’une façon particulière. Pas question de « perdre » son temps, comme si chaque minute se devait de rapporter quelque chose d’utile comme un divertissement intense, une formation ou une stimulation de l’esprit, une performance ou une quelconque valeur monétaire! Or, la vie familiale s’accommode mal de cette vision du temps : la vie familiale se doit de fonctionner autrement.

Le milieu familial a d’autres impératifs : créer un environnement compatible avec les besoins véritablement humains, essentiels pour le développement de ses membres : sécurité, confiance et respect envers les uns et les autres, complicité dans les valeurs et dans les tâches, souci d’une éducation sensée et même d’un développement spirituel et ou personnel; le tout dans un contexte intergénérationnel et, en plus, de genres différents.

Pour cela, la notion des « trois temps », telle que décrite dans l’approche de « Parents-Efficaces » de Thomas Gordon, se doit d’être considérée : un équilibre de trois types de temps pour préserver la santé mentale et l’harmonie puisqu’il tient compte des besoins fondamentalement humains. Selon mon expérience et mes observations, l’équilibre de ces trois temps m’ont grandement aidé dans mon cheminement de vie, avec moi-même et avec les autres, ainsi que dans ma propre famille. À noter que ce besoin d’équilibre des trois temps s’applique autant aux enfants qu’aux adultes et peut varier d’une personne à l’autre, selon les personnalités de chacun. Voici donc de quoi est composé cet équilibre des temps.

Il y a le temps « productif » : ce temps au travail ou à l’école, ce temps en collaboration/interaction avec d’autres où on produit et on acquière de la formation, de l’expérience. Il est dans la nature de l’être humain de se sentir utile, d’accomplir quelque chose qui exprime sa personnalité et ses talents. Une carence de temps productif, par exemple, imposé par du chômage ou une maladie, a des effets négatifs sur le moral. Notamment, on se rappelle combien les enfants ont été perturbés durant la Covid, étant privés d’école et d’interactions sociales avec leurs amis.

Il y a le temps « relationnel » : ce temps de relation privilégiée avec une personne importante de son entourage; on y parle de complicité, de confiance, de dévoilement de soi et d’écoute de l’autre. En couple, ça va de soi, lorsque le couple va bien; en réalité, c’est ce qui fait la valeur d’être en couple. Par ailleurs, non seulement leurs enfants ont également besoin de ce temps relationnel, mais que les parents demeurent les personnes privilégiées avec qui l’enfant peut réellement vivre ce temps relationnel : conversations empathiques où il se sent écouté sans jugement; intérêt qu’on porte à jouer avec lui et à le guider dans ses activités scolaires et parascolaires, références et réflexions concernant ses questionnements face à la Vie. C’est également dans ce temps relationnel que l’enfant peut être informé de conséquences positives et négatives concernant ses attitudes et comportements à l’égard de son entourage et de lui-même. C’est également dans ce temps qu’il peut en apprendre sur ses parents : leurs valeurs, leurs croyances, leurs activités favorites, leur travail, etc. On comprend que les écrans d’interactions virtuelles (jeux vidéo, réseaux sociaux, etc.) ne peuvent remplacer le temps véritablement relationnel entre deux personnes… Un enfant en carence de temps relationnel risque de développer certains problèmes de personnalité; ce qui, en soi, devient une condition propice à obtenir l’attention qui lui manque… On comprend que l’attention dans un « contexte problème » n’est pas de la même qualité qu’une attention sans problème…

Il y a le temps « individuel » : ce temps, seul avec soi-même : mes réflexions, ma créativité, mes intérêts personnels, mes explorations, l’actualisation de mes talents, mes temps de prière ou de méditation. Les enfants savent assez bien profiter de ce temps individuel, souvent par des activités solitaires : dessins, lectures, jeux de construction, bricolages, méditation ou respiration consciente etc. Or, dans une logique de « le temps, c’est de l’argent », nombreux sont les parents qui se préoccupent de maximiser l’utilisation du temps de leur enfant en leur proposant systématiquement des activités supposément utiles, c’est-à-dire, à teneur créatrice ou éducative. En fait, dans cette logique, il s’agit d’éviter l’ennui, ce temps perdu où rien ne se passe. Selon mon expérience et mes observations, une période d’ennui constitue la meilleure façon d’accueillir ce besoin d’être seul avec moi-même en m’ouvrant à toutes les possibilités de trouver, par moi-même, l’activité et les réflexions qui meublent mon temps individuel. Une carence de temps individuel est habituellement causée par la culpabilité de prendre soin de moi, ou par l’incapacité de me détacher de toutes les tâches qui m’incombent, ou par la croyance que de s’ennuyer est un temps perdu et inconfortable. On le sait, le manque de temps individuel engendre fatigue, dépression et sentiment de vide face à la Vie.

Si tu as le sentiment d’être en déséquilibre à l’égard de ces trois temps, comment te sens tu? Peux-tu identifier lequel de ces types de temps te manque dans ta vie? En tant que parent et ayant la responsabilité d’une famille heureuse, tu es sûrement en mesure de rétablir cet équilibre. Il ne s’agit surtout pas de blâmer qui que ce soit en jouant le rôle de la victime : « C’est à cause des autres que je ne suis pas productif à mon goût, ou que je n’ai pas de relation satisfaisante ou que je ne réussis pas à passer un temps bien à moi ». C’est la responsabilité de chacun de gérer l’ensemble de ces trois temps; et surtout de comprendre que les autres aussi ont besoin de cet équilibre et, par le fait même, d’y collaborer. Quand tous comprennent l’importance des trois temps, c’est plus facile de maintenir ce précieux équilibre…

 

Grand-Papa Pierre.

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